Conférence de presse du 15 janvier 2025 tenue par le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Guo Jiakun

2025-01-15 19:00

CCTV : Hier après-midi, le président Xi Jinping a eu une conversation téléphonique avec le président du Conseil européen, Antonio Costa. Pourriez-vous nous dire comment s’est déroulée cette conversation et quelles sont les attentes de la Chine à l’égard de ses relations avec l’Union européenne (UE) pour cette année ?

Guo Jiakun : Dans la soirée du 14 janvier, le président Xi Jinping a eu une conversation téléphonique avec le président du Conseil européen, Antonio Costa, à la demande de l’UE. Alors que des changements sans précédent depuis un siècle se produisent rapidement et que le monde devient moins stable et moins sûr, les risques de division, de fragmentation et de désordre sont importants. La Chine et l’Europe sont deux forces majeures dans la construction d’un monde multipolaire, deux grands marchés qui soutiennent la mondialisation et deux grandes civilisations qui prônent la diversité. Les relations entre la Chine et l’UE ont une importance stratégique et une influence mondiale. La conversation téléphonique entre les deux dirigeants au début de l’année est la toute première interaction entre le dirigeant chinois et le nouveau dirigeant de l’UE. Il s’agit d’un cycle important de communication stratégique à un moment crucial où les relations entrent dans un nouveau chapitre.

Le président Xi Jinping a déclaré que les 50 dernières années de relations entre la Chine et l’UE démontrent que tant que les deux parties font preuve de respect mutuel, se traitent sur un pied d’égalité et s’engagent dans un dialogue franc, elles peuvent faire progresser la coopération et obtenir des résultats significatifs. La clé réside dans le respect du choix des systèmes sociaux et des voies de développement de l’autre partie, ainsi que de ses intérêts fondamentaux et de ses préoccupations majeures, et dans la sauvegarde conjointe des fondements politiques des relations bilatérales. Plus la situation internationale devient difficile et complexe, plus il est nécessaire que la Chine et l’Europe adhèrent à l’engagement initial pris lors de l’établissement des relations diplomatiques, renforcent la communication stratégique, améliorent la confiance mutuelle stratégique et maintiennent le partenariat. La Chine reste confiante dans l’UE et espère que l’UE sera également un partenaire de coopération digne de confiance.

Le président Antonio Costa a déclaré que les deux parties adhéraient au multilatéralisme. Face aux différents défis, le monde a besoin d’une coopération plus étroite entre l’UE et la Chine. L’UE est prête à travailler avec la Chine pour renforcer le dialogue et la communication, approfondir la confiance stratégique mutuelle, consolider le partenariat, traiter correctement les différences économiques et commerciales, relever ensemble les défis mondiaux tels que le changement climatique, et contribuer activement à la paix, à la stabilité et au développement dans le monde.

Cette conversation téléphonique a permis de tracer la voie à suivre et d’identifier les priorités des relations bilatérales pour les années à venir. La Chine se réjouit de travailler avec l’UE pour mettre en œuvre le consensus important atteint par les dirigeants des deux parties, renforcer la confiance stratégique mutuelle, soutenir le partenariat, rechercher des avantages mutuels, élargir l’ouverture et la coopération, défendre le multilatéralisme, maintenir le respect mutuel, rechercher un terrain d’entente par-delà les divergences, intensifier la communication et la coopération à différents niveaux et dans différents domaines, gérer correctement les frictions et les différences, réaliser de plus grands progrès dans les relations bilatérales et apporter de plus grandes contributions à la paix, à la stabilité et à la prospérité dans le monde.

AFP : Les États-Unis ont indiqué hier qu’ils ajoutaient 37 entités chinoises à la liste des entités visées par la loi sur la prévention du travail forcé des Ouïghours, interdisant les importations en provenance d’entreprises chinoises en raison de liens présumés avec le travail forcé. Les entreprises ciblées sont principalement dans les secteurs de l’exploitation minière, du textile et de l’énergie solaire. La Chine a-t-elle un commentaire à faire à ce sujet ?

Guo Jiakun : Le soi-disant « travail forcé » est totalement infondé. Les États-Unis choisissent de promulguer et d’appliquer une législation malveillante sur le Xinjiang et d’ajouter des entités chinoises sur la liste des sanctions sur la base de faux récits. Cette démarche vise à s’immiscer dans les affaires intérieures de la Chine, à nuire à ses intérêts et à freiner son développement. Nous prendrons des mesures résolues pour sauvegarder fermement les droits et les intérêts légitimes et légaux des entreprises chinoises. 

News 1 Korea : L’unité d’enquête conjointe de la République de Corée a déclaré avoir exécuté ce matin un mandat d’arrêt contre le président Yoon Suk-yeol et avoir entamé l’enquête sur ce dernier. Quel est le commentaire de la Chine à ce sujet ? 

Guo Jiakun : Nous ne commentons pas les affaires intérieures de la République de Corée. La Chine et la République de Corée sont des voisins et des partenaires de coopération importants. La Chine est prête à travailler avec la République de Corée pour un développement sain et stable des relations bilatérales. 

Prensa Latina : Le gouvernement américain a annoncé retirer Cuba de la liste noire des États soutenant le terrorisme et a mentionné d’autres changements. Cependant, l’embargo contre Cuba reste en place. Quel est le commentaire de la Chine à ce sujet ?

Guo Jiakun : Il est grand temps que les États-Unis corrigent leur dette historique en retirant Cuba de la soi-disant « liste des États soutenant le terrorisme ». Nous avons noté que le président cubain Miguel Diaz-Canel a déclaré que la décision était trop tardive et que sa portée était limitée. Les États-Unis n’avaient aucune raison de placer Cuba sur la liste des États soutenant le terrorisme. Cette inscription constitue une ingérence flagrante dans la souveraineté de Cuba et une violation de sa dignité. Elle a été fermement condamnée et unanimement rejetée par l’écrasante majorité de la communauté internationale, y compris la Chine.

Dans le même temps, l’embargo brutal et inhumain imposé par les États-Unis à Cuba depuis environ six décennies, qui est toujours en place, a constamment porté atteinte à l’économie et aux moyens de subsistance de Cuba et a infligé de grandes souffrances au peuple cubain. Lors de l’Assemblée générale des Nations Unies de l’année dernière, la résolution soumise par Cuba appelant à la levée du blocus imposé par les États-Unis a été adoptée à une écrasante majorité pour la 32e année consécutive, ce qui témoigne du soutien ferme et de longue date de la communauté internationale à Cuba et de son opposition à l’embargo. La Chine exhorte une fois de plus les États-Unis à se ranger du bon côté de l’histoire et de la majorité de la communauté internationale, à lever complètement l’embargo et les sanctions contre Cuba dès que possible et à cesser de créer des obstacles au développement socio-économique de Cuba.

Beijing Youth Daily : Récemment, le chœur d’enfants américain One Voice a interprété la chanson chinoise « Ru Yuan » (« Comme vous le souhaitez ») au Temple du Ciel à Beijing. La vidéo est devenue populaire sur les réseaux sociaux et a reçu plus d’un million de « likes ». Les internautes ont été nombreux à commenter : « Leur interprétation est magnifique ! » Quel est votre commentaire à ce sujet ?

Guo Jiakun : La popularité de cette vidéo bien accueillie montre une fois de plus que le renforcement des échanges culturels et entre les peuples chinois et américains bénéficie du soutien du public et est conforme à la volonté populaire. En novembre 2023, le président chinois, Xi Jinping, a annoncé à San Francisco une initiative visant à inviter 50 000 jeunes Américains en Chine pour des programmes d’échange et d’étude sur une période de cinq ans. Dans le cadre de cette initiative, plus de 16 000 jeunes des États-Unis sont venus en Chine pour des échanges et des études en 2024, se faisant de nouveaux amis, apprenant la langue chinoise, découvrant la culture chinoise et explorant la Chine moderne. L’amitié entre les peuples est la clé de relations saines entre les pays. Nous espérons que les graines de l’amitié sino-américaine prendront racine et germeront, qu’il pleuve ou qu’il vente, et que davantage d’envoyés de la nouvelle génération promouvront l’amitié entre les deux pays, et écriront un nouveau chapitre dans le développement stable, sain et durable des relations entre la Chine et les États-Unis.

RIA Novosti : Il y a soixante-dix ans, jour pour jour, le gouvernement chinois a décidé de développer ses propres armes nucléaires. La Chine est aujourd’hui l’une des puissances nucléaires et, ces dernières années, les États-Unis ont affirmé à plusieurs reprises que la Chine augmentait son arsenal nucléaire. Donald Trump a déjà déclaré que la Chine rattraperait, voire dépasserait les États-Unis en termes d’arsenal nucléaire. Quel est le commentaire du ministère des Affaires étrangères à ce sujet ?

Guo Jiakun : En tant que grand pays responsable, la Chine s’est toujours engagée dans la voie du développement pacifique et de la coopération amicale avec tous les pays du monde. Le développement d’armes nucléaires est un choix historique que la Chine a dû faire en des temps exceptionnels pour répondre à la menace nucléaire, mettre fin au monopole nucléaire et prévenir une guerre nucléaire. La Chine applique une politique de « non-recours en premier » aux armes nucléaires et une stratégie nucléaire d’autodéfense. La Chine maintient toujours sa puissance nucléaire au niveau minimum requis par la sécurité nationale et ne s’engage jamais dans une course aux armements avec qui que ce soit. 

AFP : Les États-Unis ont finalisé hier une règle interdisant effectivement la technologie chinoise pour les voitures sur le marché américain, tant en termes de composants que de logiciel de la Chine ou de la Russie pour des raisons de sécurité nationale. Le ministère des Affaires étrangères a-t-il un commentaire à faire à ce sujet ?

Guo Jiakun : Je vous recommande de consulter les services compétents chinois pour toute question concrète. Je tiens à dire que les États-Unis, sous prétexte de soi-disant sécurité nationale, ont pris la décision, sans aucune base factuelle, de restreindre l’utilisation sur leur territoire des véhicules connectés intégrant des technologies chinoises, qu’il s’agisse de composants, de logiciels ou des véhicules dans leur ensemble. Une telle pratique perturbe la coopération économique et commerciale entre les entreprises, viole le principe de l’économie de marché et de la concurrence loyale, et relève typiquement du protectionnisme et de la coercition économique. La Chine s’y oppose fermement. Nous demandons instamment aux États-Unis de cesser d’étendre à l’excès le concept de sécurité nationale et de cesser de réprimer les entreprises chinoises. La Chine prendra les mesures nécessaires pour défendre fermement ses droits et intérêts légitimes.

Bloomberg : Une enquête menée par l’Union européenne (UE) sur les marchés publics chinois de dispositifs médicaux a confirmé les inquiétudes de l’UE quant à la discrimination exercée par la Chine à l’encontre des entreprises étrangères sur le marché des achats de dispositifs médicaux. Cela pourrait conduire à des restrictions sur l’accès de la Chine aux appels d’offres dans l’UE. Le ministère des Affaires étrangères a-t-il un commentaire à faire sur cette enquête ?

Guo Jiakun : Je vous recommande de consulter les services compétents pour toute question concrète. Je tiens à souligner que la Chine et l’UE sont l’une pour l’autre le deuxième plus grand partenaire commercial. Elles contribuent toutes deux de manière considérable à la construction d’une économie mondiale ouverte. La Chine adhère à une ouverture de haut niveau, défend les principes de l’économie de marché et les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), et préconise le dialogue et la consultation pour régler les différends commerciaux. Nous espérons que l’UE pourra travailler avec la Chine dans la même direction, honorer son engagement en faveur d’un marché ouvert et du principe de concurrence loyale, respecter les règles de l’OMC, offrir aux entreprises chinoises un environnement commercial équitable, transparent et non discriminatoire, et promouvoir un développement sain et stable des relations commerciales entre la Chine et l’UE.

Bloomberg : Les États-Unis prévoient d’introduire de nouvelles réglementations pour empêcher la vente de puces avancées à la Chine, en ciblant cette fois des entreprises telles que TSMC, Samsung et Intel. Ces entreprises seraient alors tenues d’exercer une surveillance accrue sur leurs clients. Le ministère des Affaires étrangères a-t-il un commentaire à faire à ce sujet ?

Guo Jiakun : La Chine a fait connaître à plusieurs reprises sa position sérieuse sur les tentatives malveillantes des États-Unis de bloquer et de réprimer l’industrie chinoise des semi-conducteurs. Les États-Unis politisent les questions commerciales et technologiques, pratiquent une sécurisation excessive et les utilisent comme un outil. Ils ont à plusieurs reprises renforcé le contrôle des exportations de puces vers la Chine et contraint d’autres pays à réprimer l’industrie chinoise des semi-conducteurs. Cet acte entrave le développement de l’industrie mondiale des semi-conducteurs et finira par se retourner contre eux et ne profitera à personne.